VI. De l'art d'honorer son conseil

“S'il est évident que des abus ont lieu de la part d'avocats indélicats, une autre réalité sociologique n'est pas connue : dans le pénal de droit commun, les clients essayent souvent de ne pas payer leur défenseur, même quand ils sont en fonds. Après avoir escroqué la société, certains tentent leur chance sur l'avocat. La famille du détenu négocie sans fin, arguant de difficultés financières même si ses membres arrivent au cabinet couverts de bijoux. Il faut sans cesse relancer les proches. Même la menace de ne pas se présenter à l'audience ne suffit pas toujours : la famille du détenu ou le client libre y arrive les poches vides, espérant placer l'avocat au pied du mur. [...] Parfois, quand l'avocat consent un prix, il lui faut encore batailler pour recouvrer ces honoraires modestes. Puis il apprend que l'interessé s'est offert une voiture. Les gens sans argent n'existent presque pas ; il n'y a que des priorités. [...] On songe ainsi que la pègre révèle ainsi sa vraie perversion : l'argent plutôt que la liberté.”