Le comptable compte, le manouvrier manoeuvre, le dramaturge dramatise, l'ingénieur s'ingénie, le romancier romance et l'imbécile, lui,...

L'imbécile compile
.

En marge :

Source : L'Humanité

I. De l'expression d'un propos scientifique lors d'une interview

L'Humanité scribebat :

“Pour le sociologue Marwan Mohammed, les émeutes de Trappes sont le produit d’un événement déclencheur et d’un contexte.

Bruno Vincens : Peut-on parler d’émeutes à Trappes ?

Marwan Mohammed : Dans l’utilisation courante de ce mot, une émeute renvoie à une révolte populaire qui s’appuie sur un sentiment d’injustice, ou à des violences collectives qui relèvent davantage de la déviance. 
Les événements de Trappes correspondent à la première définition du terme. Mais une émeute n’est pas homogène. C’est l’occasion de régler d’autres contentieux.

Vincens : Qu’est-ce qui a provoqué ces événements ?

Mohammed : Il y a l’élément déclencheur et le contexte. L’élément déclencheur : à Trappes une femme voilée, mais pas intégralement, a d’abord été agressée à l’arme blanche ; puis s’est produit le contrôle d’identité d’une femme portant le niqab. Le contexte : les révoltes ne se produisent pas dans les quartiers aisés mais dans les quartiers populaires, ouvriers, où règne un sentiment d’abandon, de disqualification, de ségrégation. C’est le cas à Trappes. Dans tous ces quartiers existe un haut degré d’exaspération. Les forces de l’ordre représentent l’État et sa forme répressive. Parmi la population musulmane, l’islamophobie est une autre cause de l’exaspération. L’islamophobie n’est pas reconnue – ou alors du bout des lèvres – ni prise en charge par les pouvoirs publics.

Vincens : La situation est-elle particulière à Trappes ?

Marwan Mohammed : Les acteurs intermédiaires n’y sont pas reconnus comme légitimes. Quand des responsables associatifs et le responsable 
de la mosquée sont venus au commissariat pour une tentative de médiation, ils ont été récusés. On a fermé la porte à cette délégation. Dans d’autres villes qui présentent le même contexte, il existe des acteurs intermédiaires qui peuvent gérer les incidents.

Vincens : La période du ramadan a-t-elle son importance dans ces événements ?

Mohammed : Le ramadan n’est pas déterminant. Rien ne permet de dire que tous ceux qui étaient dans la rue pratiquent le ramadan. Rien ne permet non plus d’établir l’action souterraine de musulmans radicaux. Ce qui est plus important : nous sommes en été et c’est une période très compliquée. À Trappes beaucoup ne partent pas en vacances, ce qui renforce 
le sentiment de relégation sociale.

Vincens : Qui sont ceux qui participent à ces révoltes ?

Mohammed : Ce sont surtout de jeunes hommes. Il y a un clivage entre les générations et les sexes dans ces actions de révolte. Dans le reste de la population, beaucoup réprouvent les modalités d’action mais approuvent les raisons de la colère.

Vincens : L’opération de rénovation urbaine engagée en 2006 a-t-elle changé la situation ?

Mohammed : Cette opération a contribué à améliorer le cadre urbain mais les gains sont très limités. Agir sur l’urbain n’est pas suffisant, ne permet pas à 
la population de se projeter dans l’avenir.”

(L'Humanité, Marwan Mohammed : En été, le sentiment de relégation est renforcé, 24 juillet 2013, humanite.fr/...)
Céans, le lundi XXIX juillet MMXIII

Marwan Mohammed est sociologue, chercheur au CNRS. Nous avons donc ici l'interview d'un savant. L'évidence même réside dans le fait que ce format ne favorise pas la présentation des résultats de recherches scientifiques. Aucun point, postulat, aucune affirmation, n'est appuyée par des références et exemples précis. Or nombre d'entre-eux appellent à commentaire.

Peut-on parler d'émeutes ? Le sociologue Marwan Mohammed définit l'émeute -expliquer les termes employés, rien de plus logique- en faisant appel à une supposée « utilisation courante ». S'agit-il d'expliquer un terme a priori simple (L'Académie propose : explosion de violence, agitation populaire, le plus souvent spontanée) par une définition relative à chacun ? « Révolte populaire [face à l'] injustice » ou « violences collectives[/]déviance » ? D'où provient cette distinction, voire opposition, entre une action populaire et une seconde qui ne le serait pas (?), entre violences collectives et sentiment d'injustice ? L'explication des termes est confuse, emprunte d'un jugement de valeur -de légitimité- à peine déguisé, immédiatement mis à profit.

Qu’est-ce qui a provoqué ces événements ? Selon le sociologue Marwan Mohammed, l'évènement déclencheur serait constitué de deux faits survenus à deux jours d'écarts. Il y aurait donc... deux évènements déclencheurs/éléments perturbateurs, espacés dans le temps. S'il est évident que des faits variés peuvent s'enchaîner, appartenir à un même processus conduisant, par exemple, à une émeute, la notion même d'évènement déclencheur se résume à un seul fait : c'est la goutte qui fait déborder le vase. Le reste appartient au contexte. Le fait divers concernant l'agression d'une femme voilée appartient au contexte, bien plus que les platitude concernant la situation du quartier populaire de Trappes. Le sociologue nous indique, à ce sujet, qu'il s'agit d'un quartier « ouvrier » : il serait utile qu'il indique alors quel pourcentage de la population de ce quartier exerce effectivement une activité d'ouvrier. Il nous indique, également, qu'il s'agit d'un quartier « où règne un sentiment d'abandon » : il serait nécessaire qu'il nous donne des chiffres précis concernant les dépenses publiques qui y sont effectuées annuellement (« agir sur l'urbain n'est pas suffisant » ?), en particulier en comparaison avec d'autres quartiers non ouvriers où ne se produisent jamais d'émeutes. Puis le sociologue enchaîne avec une revendication politique, à savoir que les pouvoirs publics devraient « reconnaître et prendre en charge » ce qu'il nomme « l'islamophobie ».

Je passe sur les platitudes deversées ensuite. Et je résume : ce sociologue nous propose des définitions confusément orientées des termes qu'il emploie ; il donne des conclusions lors de la définition même de ces termes ; il ne maitrise pas des concepts aussi primitifs que contexte/évènement déclencheur ; il ne fournit aucune information sociologique sur le sujet abordé alors que l'évidence l'y invite ; et il glisse ci et là des avis politiques. Soyons sérieux : Marwan Mohammed est-il véritablement chercheur au CNRS ? Cela a de quoi inquieter quant aux compétences françaises en la matière. Et cela donne crédit à ceux qui, justement, proposent de couper les crédits à ces entités dont l'utilité peine à être déterminée. C'est fâcheux.

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