Le comptable compte, le manouvrier manoeuvre, le dramaturge dramatise, l'ingénieur s'ingénie, le romancier romance et l'imbécile, lui,...

L'imbécile compile
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En marge :

Entité : Karim Achoui

I. Du tourisme judiciaire : chez les gendarmes

France-Soir scribebat :

“Karim Achoui a été remis en liberté vendredi midi sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui. Placé en garde à vue jeudi matin à la section de recherches de Versailles, il vient d’en ressortir libre. « Il n’y avait pas de quoi le mettre en examen, mais le dossier n’est pas clos. Il y a d’autres investigations à faire », explique une source judiciaire.

L’avocat, suspendu de ses fonctions dans le cadre d’une autre affaire, a été entendu dans une histoire d’extorsion de fonds. Une dizaine de malfaiteurs du Val-d’Oise prêtaient de l’argent à des artisans et petits chefs d’entreprise et leur imposaient ensuite des taux exorbitants. L’une des victimes, un exploitant agricole, accuse Karim Achoui d’avoir participé à l’extorsion. Contacté à son retour à son domicile parisien, l’avocat nous a accordé un entretien.

FRANCE-SOIR. Après vingt-huit heures de garde à vue, dans quel état êtes-vous ?

KARIM ACHOUI. Dans mon malheur, j’ai eu la chance de rencontrer des gendarmes humains. Ils n’ont pas fait de zèle. La garde à vue s’est extrêmement bien passée. J’ai vu la différence entre la police et la gendarmerie. Il n’y a eu aucune pression, aucun préjugé. Les militaires ont fait leur boulot normalement, contrairement à la juge qui était déchaînée. Mais, tout cela est de la faute d’un policier qui travaille dans le Val-d’Oise et qui me suit depuis des années. Je constate que c’est d’ailleurs un service de police du Val-d’Oise qui est à l’origine de l’enquête. Il m’a encore monté un chantier !

Que répondez-vous à l’exploitant agricole qui vous accuse d’extorsion de fonds ?

Il m’est reproché d’avoir prêté 300.000 euros à un riche châtelain par des prêts successifs sur quatre mois en 2004. Chaque prêt était assorti d’une convention signée entre les deux parties avec un intérêt annuel de 4 %. Nous allions chez mon notaire pour homologuer les prêts. Le riche châtelain avait un an pour me rembourser. Ne voulant plus le faire, il a déposé plainte. De mon côté, j’ai désigné en 2005 un avocat membre du conseil de l’ordre, Me Francis Pudlowski, afin qu’il fasse une procédure en exécution pour récupérer mes sous.

En janvier 2008, le riche châtelain m’a restitué mon argent, contraint et forcé par une décision de justice. Si je résume, il m’est donc reproché d’avoir utilisé toutes les précautions que notre code civil prévoit : faire un prêt à l’aide de chèques certifiés, d’avoir signé un contrat de prêt et de l’avoir enregistré chez notaire… Le tout avec un taux tellement usurier qu’il était de 4 %… Voilà l’énorme dossier qui justifie une garde à vue en matière criminelle six ans après les faits !

Plusieurs lieux ont été perquisitionnés, jeudi, en votre présence. Comment cela s’est-il passé ?

Ils étaient quatorze pour perquisitionner mon domicile. La magistrate a retourné tout mon appartement, je suis d’ailleurs en train de ranger. Quel dossier espère-t-elle trouver dans la chambre de mon fils de sept ans ? Ça a été la même chose à mon cabinet d’avocat. On est toujours dans l’humiliation. Comme d’habitude, il y a eu un préjugé que j’ai subi et que je ne vis pas très bien.

Quel bilan dressez-vous de toute cette histoire ?

Il faut arrêter de fabriquer des dossiers là où il n’en existe pas. Il n’a fallu que quelques heures aux gendarmes pour constater qu’il n’y avait pas d’infractions. Tout est clair. Les militaires ont été humains. Par exemple, ils ont appelé trois fois un médecin pendant ma garde à vue.

Quel[sic] sera la suite ?

Je vous annonce qu’un collectif d’avocats vient de se constituer autour de la personne du bâtonnier Gilles-Jean Portejoie, lassé de toutes ces attaques dont je suis victime, et qui viendra en soutien de mes intérêts. [...]”

(France-Soir, Karim Achoui : "Il faut arrêter de fabriquer des dossiers !", samedi 13 mars 2010, francesoir.fr/...)
Céans, le lundi XV mars MMX

Il va de soi que le fond de l'affaire est du ressort de la Justice. Les déboires du malheureux Achoui sans le sou poursuivi par un « riche chatelain » mauvais payeur, à la solde d'un rancunier policier du Val d'Oise, lui appartiennent.

Sans préjugé, le sieur Achoui est, pour sa part, heureux d'avoir rencontré des gendarmes humains. C'est à dire des gendarmes qui ne font « pas de zèle », un manque d'ardeur érigé en qualité. De ce fait, « la garde s'est extrêmement bien passée ». Et là, la différence entre les gendarmes et les policiers se fait flagrante car, toujours selon ses mots, chez les premiers il n'y a aucune pression, aucun préjugé. Toutefois, étant donné que ces gens sont des dizaines de milliers en France, il est dur de proposer un tel jugement sur la base d'une garde à vue sans recourir aux préjugés. Quant à l'absence de pression, seuls les pleutres ou les veules peuvent imaginer qu'une garde à vue ne puisse faire sens sans rapport de force, alors qu'il s'agit de facto comme de jus d'une contrainte terrible.

Bref, cette garde à vue fût une partie de plaisir pour le sieur Achoui. Même si elle est « de la faute d’un policier qui travaille dans le Val-d’Oise », et certainement pas du code de procédure pénale qui la fonde en droit. Critiquer la police en matière de garde à vue, le propos est à la mode de chez nous, aussi facilement que l'on plante des choux. Mais un avocat de renom, fut-il objet d'une interdiction d'exercer pendant 5 ans, ne peut se contenter de broder en référence à la vulgate contemporaine, il est bel et bien obligé d'admettre que les agissements des gendarmes comme des policiers se sont sous le contrôle de magistrats : et si les gendarmes, comme les routiers, sont sympas, « la juge [qu'on suppose d'instruction] était déchaînée ». Ainsi celle-ci a « a retourné tout [son] appartement » et le pauvre homme est « d’ailleurs en train de ranger », estomaqué d'avoir vu l'enquête se détourner jusqu'à « la chambre de [son] fils de sept ans ». Pire, la juge a osé se pencher sur son « cabinet d’avocat » - même si la ligne de défense présentée par l'avocat est d'avoir, pour les faits qui lui sont reprochés, agit en avocat prudent (« il m’est donc reproché d’avoir utilisé toutes les précautions que notre code civil prévoit : faire un prêt à l’aide de chèques certifiés, d’avoir signé un contrat de prêt et de l’avoir enregistré chez notaire »). L'objet de ces perquisitions est manifeste pour monsieur Achoui : « on est toujours dans l’humiliation. Comme d’habitude, il y a eu un préjugé que j’ai subi et que je ne vis pas très bien ».

L'exercice de la conclusion est ici pénible, car il n'offre guère le luxe de la nuance. Monsieur Achoui vante les mérites de la gendarmerie ; mais il en veut par dessus tout à la magistrat qui anime l'ensemble. Il conteste le principe de la garde à vue ; mais il attaque par dessus tout le moyen qui le contraint à se justifier. De toute évidence, le sieur Achoui attaque la forme quand c'est véritablement le fond qui l'indispose. Et rien ne permet de penser qu'il existe une forme susceptible de rendre acceptable ce fond là.

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