Le comptable compte, le manouvrier manoeuvre, le dramaturge dramatise, l'ingénieur s'ingénie, le romancier romance et l'imbécile, lui,...

L'imbécile compile
.

En marge :

Entité : CEDH

II. De la sécurité en milieu carcéral

Franck Johannès scribebat :

“Christiane Taubira a écarté toute faille dans le système de détection de la prison de Lille-Sequedin, samedi 13 avril, après la spectaculaire évasion de Redoine Faïd. "On ne peut pas dire qu'il y a une faille, parce que si on le dit, c'est de la faute de qui ?, a déclaré la ministre de la justice alors que plusieurs membres de l'opposition réclamaient sa démission. C'est une vraie difficulté, il y a des choses qui entrent dans les établissements, on lutte contre cela avec tous les moyens légaux parce que nous sommes dans un Etat de droit, il y a des règles, il y a des conditions dans lesquelles on peut procéder à la surveillance et aux contrôles."

[...]

De la drogue, des portables et des armes blanches sont régulièrement trouvés par les surveillants. La CGT pénitentiaire a rappelé que les syndicats avaient réclamé à plusieurs reprises une fouille généralisée, qui n'a jamais eu lieu depuis l'ouverture de l'établissement, le 4 avril 2005. "Quand une prison est défaillante, ce sont les personnels pénitentiaires qui sont mis en danger", a protesté Nicolas Caron, le délégué régional FO-pénitentiaire.

[...]

Le syndicat des directeurs insiste aussi sur "l'impérieuse nécessité de disposer des moyens humains et techniques renforcés". Il s'agit d'abord du problème des fouilles. Les fouilles des détenus sont autorisées, mais pas les fouilles systématiques, avant et après chaque parloir, qui sont théoriquement proscrites depuis la loi pénitentiaire de 2009. Les juges administratifs - et le Conseil d'Etat - ont estimé que ces fouilles corporelles systématiques étaient assimilables à des traitements inhumains et dégradants. Un détenu qui avait ainsi trois parloirs dans une journée était fouillé six fois, à nu, et parfois devant plusieurs personnes.

L'administration pénitentiaire entend remplacer ces fouilles par des portiques de détection. Deux d'entre eux seulement ont été installés en détention, et le dispositif coûte cher. Les parloirs ne sont d'ailleurs pas le seul moyen de faire entrer des objets en prison, d'autant que c'est le plus surveillé. "Il y a un certain nombre d'éléments que nous devons garder relativement discrets", a indiqué Alain Jégo, le directeur interrégional de Lille des services pénitentiaires.”

(Franck Johannès, « Christiane Taubira assure qu'il n'y a pas eu de "faille" à l'origine de l'évasion du braqueur Redoine Faïd » in Le Monde, 15 avril 2013, lemonde.fr/...)
Céans, le mardi XVI avril MMXIII

Si la tournure enfantine « parce que si on le dit, c'est de la faute de qui ? » fait immédiatement et curieusement songer à la rhétorique de l'ex-président Nicolas Sarkozy, il est remarquable qu'elle provienne d'une ministre souvent louée pour ses facultés intellectuelles (cf. philippebilger.com/...). Car si la tournure de phrase est puérile, son sens est odieux : il faut bannir la notion de faute car elle implique une culpabilité. Serait-ce un condensé de la pensée de Christiane Taubira, en charge de la Justice, sur la notion de responsabilité ?

Christiane Taubira ajoute que « nous sommes dans un État de droit, il y a des règles ». Bien entendu. Si ces règles sont observées et n'empêchent pas une évasion armée, n'est-ce pas une indication sur la nécessité de les évaluer ou réviser ? Peut-on être conservateur au point d'interdire de discuter la loi lorsqu'elle se montre inefficace ?

L'article rappelle que les fouilles systématiques « sont théoriquement proscrites depuis la loi pénitentiaire de 2009 », en précisant que « les juges administratifs - et le Conseil d'État - ont estimé que ces fouilles corporelles systématiques étaient assimilables à des traitements inhumains et dégradants ». Ce ne sont néanmoins pas les juges, dans une démocratie, qui font le droit. C'est bien la loi pénitentiaire de novembre 2009 qui fait légitimement dire aux juges que ces fouilles corporelles systématiques sont proscrites, et non l'inverse (cf. oip.org/...).

En outre, la loi de novembre 2009 dispose que « Les fouilles doivent être justifiées par la présomption d'une infraction ou par les risques que le comportement des personnes détenues fait courir à la sécurité des personnes et au maintien du bon ordre dans l'établissement » tandis que la Cour européenne des droits de l'homme ne condamne dans ses arrêts que les « fouilles intégrales systématiques non justifiées et non dictées par des impératifs de sécurité » (Ibid.). La défaillance dans la recherche d'armes à feu et d'explosifs n'implique t-elle pas un risque conséquent pour la sécurité des personnes ?

Toute mesure de sécurité est une atteinte aux personnes. Reste à savoir dans quelle mesure on s'autorise à atteindre un condamné pour la sécurité des autres. On ne peut évidemment pas répondre à cette question si on refuse de la formuler.

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